Les tribulations d'Oliv' de Marseille à São Paulo

Voici ici le journal de bord du périple d'un Mâconnais devenu Lyonnais puis Marseillais et enfin Paulistan en l'espace de 4 ans... Ok ca fait beaucoup et c'est guère crédible et pourtant, je vous invite à découvrir le Brésil autrement qu'au travers d'images d'Epinal. Normal, vous me direz, puisque ce sont là des photos de São Paulo et de tant d'autres villes brésiliennes... Alors, en avant pour de nouvelles aventures!!!

samedi, décembre 23, 2006

Road-trip 4 - Entrée en Argentine

Exercice d'écriture.

Vendredi 15 décembre:
Réveil à 7h puis à 10h quand le car s'arrête pour le petit-déjeuner à Gualeguaychu (facile le nom!) au beau milieu de la campagne argentine gorgée de soleil. Un peu plus loin, quelques fermes éloignées d'une centaine de mètres de la route, auxquelles on accède par une allée rectiligne bordée d'arbres grands ou petits; peut-être ce sont des chênes, peut-être. Tout près, des tournesols se réveillent lentement, sans bruit, prêts pour une journée à vous faire tourner la tête.
Un peu plus loin, de timides nénuphars éclosent en colonie silencieuse sur une grande mare. Encore un repère à moustiques! Comme pour nous saluer, deux gauchos aux chapeaux légèrement bombés se tiennent droits et fiers sur leurs montures, juste devant la grande barrière en bois de leur prairie, en marge de la grand' route.
Une ligne électrique court à la poursuite des camions, cars et autres pick-ups, traversant tantôt des champs de plants méconnus, tantôt des prairies où paissent paisiblement vaches et chevaux en bons voisins. Quelques moutons se mêlent parfois au tableau, comme les quelques nuages présents ce matin-là dans le ciel azur argentin. Certains pylônes ont même été choisis comme lieu d'accueil officiel par des oiseaux...
La pampa est belle, découpée à droite comme à gauche par des kilomètres de fils de barbelés et des piquets de bois, parsemée de fermettes de plain-pied et de troupeaux éparses. Et puis, il y a ces arbres pour rompre avec cette planitude continue, pleine. Ils se dressent subitement en contingent au beau milieu des vertes prairies. Leurs troncs semblent secs, surmontés d'un épais chapeau de feuilles sous lequel les bêtes viennent dès le matin chercher l'ombre salutaire. Me viennent alors en tête les souvenirs d'une traversée de l'Espagne. Les champs géométriques d'oliviers luttaient contre la sécheresse du sol. Si l'herbe argentine est verte, la chaleur ambiante la provoque sans doute, les incendies doivent être courants. Par là, à quelques dizaines de kilomètres, une étendue d'eau rosée se prélasse, accueillant quelques bovidés et autres aigrettes.
Nous sommes à 160 kms au nord de Buenos Aires, la route change de visage en prenant deux fois deux voies et en se dotant d'une bordure arbustée. Seul, au milieu de la vaste prairie à l'étendue infinie où l'horizon lui-même se perd, un homme au type indien soulève les bras à notre approche. Pas un appel à l'aide, juste un moyen comme un autre de nous montrer les babioles touristiques qu'il vend.
Tiens, pendant que je remarquais la limite de vitesse continue depuis Porto Alegre à 80 km/h, le car passe un pont au-dessus d'un lac marécageux, au bord duquel des gauchos perchés sur leurs destriers rassemblent leur bétail dans un enclos. Les maisons semblent prendre de l'altitude également. Sans doute à cause des marais, elle se surélèvent à l'aide de pilotis.
Plus loin paît un élevage de moutons, dont le propriétaire fait le tour avec son chien. Une ferme voisine propose à la vente du salame, avenir morne pour les cohcons qui remuent de leur groin la terre dans l'enclos annexe bordant la route.
A l'approche de Buenos Aires, une ligne haute-tension a également pris part à notre poursuite. Les immenses pylônes accueillent eux aussi d'immenses nids sombres. il est aisé d'imaginer alors que les éperviers et autres faucons ont trouvé là un observatoire de prédilection. Il est à se demander ce que ces oiseaux-là peuvent bien dénicher tellement la pampa paraît d'un calme suspect.
Soudain, quelque chose au loin s'élève. A l'approche, un poste de la Gendarmeria de Porto Talavera filtre le passage sur un immense viaduc. Depuis longtemps, un large fleuve nous suivait, plus silencieusement encore que la prairie qu'il fend. Peut-être s'agit-il du Rio Parana, peut-être.
Un aigle frôle l'avant du car, puis un second un peu plus en avant, comme pour nous empêcher de quitter la région appelée "Entre-Rios". Quelques kilomètres plus loin, nous passons sur un immense pont le Rio Parana, cette fois c'est sûr, descendant de Puerto Iguazu; nous sommes à proximité de Zarate où est implantée une usine Toyota. Les bâtiments sont plus nombreux, la capitale argentine est proche.