Les tribulations d'Oliv' de Marseille à São Paulo

Voici ici le journal de bord du périple d'un Mâconnais devenu Lyonnais puis Marseillais et enfin Paulistan en l'espace de 4 ans... Ok ca fait beaucoup et c'est guère crédible et pourtant, je vous invite à découvrir le Brésil autrement qu'au travers d'images d'Epinal. Normal, vous me direz, puisque ce sont là des photos de São Paulo et de tant d'autres villes brésiliennes... Alors, en avant pour de nouvelles aventures!!!

samedi, décembre 02, 2006

Pi-toy-able

Alors que je voulais conclure la semaine par quelques posts joyeux, festifs voire peut-être même drôles - je tiens d'ailleurs à remercier les "commentateurs" de la semaine, ça fait très plaisir - qui auraient pu amener des réactions, je crois que le titre résume ma pensée... Retour sur "il y a une heure"...
Il y a une heure et quinze minutes, on sort de la présoirée de chez Nina qui fêtait son 23ème anniversaire...
Il y a une heure et dix minutes, je disais au revoir à notre petite Cristina que nous ne reverrons plus d'ici son retour en Colombie...
Il y a une heure et neuf minutes, Mik', Polly et moi remontions à pied la Rua Consolação pour rejoindre l'Avenida Paulista - Polly cherchant un taxi, Mik' et moi pour rentrer en marchant...
Il y a une heure et dix secondes, alors que je me reculais pour prendre un panneau publicitaire en photo, une vie allait peut-être basculée.
Alors quoi? Les Brésiliens, je l'ai souvent signalé, conduisent comme des fous furieux, et sus au piéton qui se trouve sur leur chemin... Cette nuit, ce piéton était une femme d'une quarantaine d'année qui traversait en courant (avec des "buffalos") depuis le terre-plein central une 2-fois-3 voies au croisement de Consolação et Paulista.
Pas besoin d'être fort en maths:
"Sachant qu'un taxi roule à cet endroit à près de 60 km/h, que la femme court à près de 10 km/h en travers de la route, quel est la force de l'impact?"
La réponse n'est pas en chiffre:
  • une double-fracture fermée tibia-péroné dû au contact avec le bas du pare-choc,
  • une commotion sur les fesses-coccys lors du rebond sur le capot,
  • une commotion cérébrale ou une hémoragie interne au crâne et une fracture du crâne + une fracture du nez + de multiples contusions faciales lors de l'impact de la tête (la première) sur le sol + un déboîtement de l'épaule lors de la "roulade" qui suit.
Je suis pas médecin, je n'y prétends pas, mais j'ai assez d'observation pour décrire cela. Et je peux commenter la scène qui suit l'impact.
  • Pitoyable, le temps de réaction des gens autour!
  • Pitoyable, le temps de réaction des Policiers Militaires présents en 30 secondes (c'est très long dans ces cas-là)!
  • Pitoyable, l'inaction des PM autour de la victime!
  • Pitoyable, le déplacement du corps par un tiers!Pitoyable, le temps d'arrivée des Bombeiros pompiers alors que le plus centre chirurgical du Brésil peut-être est à 100m!
  • Pitoyable, le hasard qui a voulu que l'ami de la victime soit muet et ne puisse la rassurer!
  • Pitoyable, mon incapacité à faire comprendre à cette molle policière d'interdire à quiconque de toucher la victime, à lui expliquer ce qu'est la PLS, pourquoi il ne faut qu'elle s'endorme, à expliquer à son collègue pourquoi il doit utiliser les plots du chantier juste à côté pour canaliser et écarter la circulation de la victime!
  • Pitoyable, le positionnement des véhicules de secours (PM et Bombeiros)!
Bref, on a beau donner des cours en école de commerce pour que les étudiants aillent travailler sur la complexité, avec comme magnifique sujet d'études pompé par 90% des étudiants les interventions impromptues des sapeurs et autres gendarmes... On a beau faire tout ça, il n'empêche que ces belles théories sont loin d'être comprises par beaucoup et j'irai même jusqu'à dire que face à un tel niveau d'attentisme de la part des secours brésiliens, les théories de complexité sont abattues sèchement! Comment disait la campagne de comm' pour l'AFPS? Ah
oui, "apprendre les gestes qui sauvent, c'est pourtant si simple"!
Cette dame, qui est loin d'avoir réfléchi à ce qu'elle faisait à ce moment-là, est sans-doute déjà sur une table d'opération, encore complètement choquée j'en suis sûr... Eh bien cette dame, je crois qu'une bonne étoile brillait pour elle ce soir. Car elle n'est pas passée sous les roues du taxi; car elle ne s'est pas ouvert complètement le crâne avec risque de déplacement de la colonne vertébrale lors du contact avec la route... Madame, je vous souhaite sincèrement de remarcher dans quelques jours, quelques semaines au plus. Le mot d'ordre du jour dans le monde en ce 1er décembre était "Sortez couverts". A 2h10 du matin le 2 décembre, ce sera désormais "Empruntez le passage protégé". Allez, je l'aurais mis en premiers mots de cet article, combien auraient sincèrement souri?
Voilà, alors pour la Biennale d'art contemporain, le livre et le film de la semaine, il faudra attendre... Pure coïncidence, je pars me changer les idées dès demain et pour quatre jours à Ubatuba... Enfin, je ressors de SP!!! Je te jure que ça va me faire du bien!
Sur ce, je vais essayer de trouver Morphée ce soir...
PS: Ah oui, il y a un mois et demi, c'est par-là que j'avais déjà assisté à une course poursuite - rodéo? - entre une conduite intérieure américaine et... un taxi.
Prochain article: Biennale d'art contemporain